chansons

Dérisoire

Je m’absous de mes absurdités,
Des absences à venir qu’on ne peut prédire.
Je m’abstiens de plonger dans les remous
D’une rumeur assoiffée.

J’artifice mes nuits pour voir le jour.
Mes erreurs, je les glisse en issue de secours.
Je m’égards à l’écart de vos promesses
D’un futur au bout d’une laisse.

Refrain :
Je vieillis, j’ai peur qu’on dérisoire ma vie.
Je vieillis, j’ai peur qu’on dérisoire ma vie.
Je me suis à la trace, je m’efface.

Je m’obstine à porter la silice,
Apporter à l’édifice la pierre noire de mes abîmes.
Je m’observe dans l’iris de ton miroir.
Quel temps fait-il dans ton histoire ?

Refrain :
Je vieillis, j’ai peur qu’on dérisoire ma vie.
Je vieillis, j’ai peur qu’on dérisoire ma vie.
Je me suis à la trace, je m’efface.
J’te laisse ma place.


Rambla 70’s

Quelque part, dans la lumière des phares,
Une histoire s’excuse de son retard.
Qu’est ce qu’on aurait pu faire d’autre que ça ?
Marcher sur le rambla,
Au milieu des décombres de nos joies.

Refrain :
On s’voyait tutoyer le ciel, juste un spécimen.
Au fond d’un cœur meurt l’étincelle.
Le soleil se lève quand même.
A qui vouer ses saints, à qui avouer ses larcins ?
Je me suis posé un peu plus loin.

Quelques pleurs et la lumière se meurt,
Dans la peur les soirs de dernière heure.
Est-ce qu’on aurait pu faire mieux que ça ?
Trois p’tits tours puis s’en va,
Au milieu des huées, des hourras.

Refrain :
On s’voyait tutoyer le ciel, juste un spécimen.
Au fond d’un cœur meurt l’étincelle.
Le soleil se lève quand même.
A qui vouer ses saints, à qui avouer ses larcins ?
Je me suis posé un peu plus loin.


Salute

Salute
A tous les gueux,
Tous les rebuts de ce monde parfait.
Salute
Aux disparus
Ecrasés par les voisins du dessus.

Salute
Aux traine-misères,
Aux ventres creux, aux va-nu-pieds,
Aux sans-terre.
Salute
Aux malchanceux,
Aux maladroits mis de côté pour si peu.

Chanter, danser
Ne suffit plus.
Chanter, danser.
Faut descendre dans la rue.

Salute
Aux défenseurs du fragile,
Quand la peur de l’autre progresse
A la vitesse de l’obscurantisme.
Salute
A la colère légitime
Dans une société dont le projet
Se résume à broyer
Les présumés inutiles.

Chanter, danser
Ne suffit plus.
Chanter, danser.
Faut descendre dans la rue.


Fleur d’orage

Un murmure,
Un souffle fragile,
Une rumeur s’éveille au chant timide
D’une idylle
Un bruissement à peine,
A travers les feuillages circule la nouvelle

Effleurer,
La fleur du pêcher,
Effeuiller l’orgueil pour se laisser porter.
Caresser
L’herbe coupée
Sous le pied des parjures de mauvaise augure.

L’âpreté
Et l’aigreur s’égrènent,
Savourer le goût de l’éclaircie sur la plaine.
Dévorer,
Mordre à pleines dents
Les fruits bizarrement défendus en Eden.

Regarder
A contre jour,
Les courbes tendres de cette vallée en détours.
Un clin d’œil,
Fêter l’espérance.
Avoir la décence de prendre un temps pour chaque sens.

Une perle de rosée,
Déposée sur ma bouche sèche.
Vivre d’eau fraîche
Et de baisers.
Délaisser les amours lassées.
Laisser les insectes s’épuiser
A butiner
A chercher l’autre fleur
Toujours plus sucrée,
Toujours plus colorée.


Courant d’air

La mer se retire et aspire
A croiser l’horizon.
Le ciel s’étire et se déchire
Pour une étoile des bas-fonds.

Est-ce que la Terre qui tourne en rond
Comprend la désillusion
De ses locataires
Suivant le même itinéraire.
Qu’est ce qui nous fera tomber un jour ?

La pluie lave des soupçons qui pèsent,
Une averse qui dilue le rage.
L’eau ruisselle et nourrit le cortège
Des flaques où patauge le grand large.

Est-ce que la Terre, l’usurpatrice,
Ressent parfois le besoin
De s’éclipser discrètement
De ses ellipses.
Qu’est ce qui nous fera tomber un jour ?

Mais la mer monte et le ressac lacère
Les frêles remparts
De leur certitude à croire
Qu’ils ont les deux pieds sur terre.
Le ciel s’enivre, le ciel s’enflamme
Et fais rougir de honte
Tous les porteurs de cocardes,
Les affamés du retour de flamme.

Est-ce que la Terre oublie parfois
La gravité qui sépare
La pesanteur
De ses erreurs de trajectoire.
Qu’est ce qui nous fera tomber un jour ?


Comme si

Comme si on pouvait
S’faire à l’idée qu’on marche arrière,
Comme si le temps qu’il nous reste
N’est plus à faire.
Comme si, comme si…

Comme si les déserts
Etanchaient nos soifs de nous distraire,
Comme si notre guerre
Pouvait être la dernière.
Comme si, comme si…

Comme si les prières
Pouvait justifier les meurtrières,
Chacun sa manière d’faire « comme si »,
D’regarder en l’air.
Comme si, comme si…

Comme si la vitesse
Pouvait nous faire plaider coupable,
Comme si l’ivresse pouvait nous faire aimer
Nos semblables.
Comme si, comme si…

Viens,
On va faire un bout d’chemin
Comme si
On arrêtait d’mentir sur nos vies,
Comme si
On recommençait de rien,
Comme si…

Comme si nos erreurs
Pouvaient s’évaporer dans l’air,
Comme si le bonheur des autres
Pouvait nous satisfaire.
Comme si, comme si…

Comme si on pouvait
Sortir de la souricière,
Comme si l’bonheur dépendait
D’l’épaisseur des œillères.
Comme si, comme si…


En partance

Ça m’est tombé d’sus un soir,
Sans raison particulière,
Un lendemain qui s’fait hier,
Se faire la malle parait sincère.
Ça m’est tombé d’sus un soir,
Entre deux alibis.
Pas de témoin ni de rapport d’amnésie.
Sans dessus dessous l’histoire
Reprend la tangente :
Sortir du cercle des files d’attente.
Ça m’est tombé d’sus un soir.

Ça m’est tombé d’sus un soir,
Un craquement, une fêlure,
Une vague mourante sur les dunes,
Les châteaux d’sable ont la vie dure.
Ça m’est tombé d’sus un soir,
Entre deux méprises.
Arrêter d’faire confiance à l’évidence grise.
Comprendre les dessous d’l’histoire
Et l’engrenage qui fait qu’on cache
Les fissures sous un coup d’peinture.
Ça m’est tombé d’sus un soir.

Ça m’est tombé d’sus un soir.
Pas d’mise en garde à mon égard,
La peur au bout du couloir,
En grappes s’agrippent les idées noires.
Ça m’est tombé d’sus un soir,
Entre deux dérives.
Préférer l’imprudence aux phrases définitives.
Laisser l’issue au hasard,
Laisser les leçons à l’Histoire.
Passer son ch’min, changer d’trottoir :
Mieux vaut tomber que s’asseoir.
Ça m’est tombé d’sus un soir,
Un coup d’poing dans les entrailles,
Sur le corps, une nouvelle entaille.
Passer la porte, faire table rase,
Passer l’éponge sur l’ardoise,
Passer sa route
Entre les doutes, les gouttes
Qui font déborder les vases,
Qui empoisonnent au goutte à goutte.
Ça m’est tombé d’sus un soir.

Ça m’est tombé d’sus un soir,
Un coup d’tonnerre,
Trois coups pour jouer la première,
Coup d’théâtre, grande scène du départ.
Ça m’est tombé d’sus un soir
Entre deux escales.
Tout corps plongé dans le lacrymale
Reçoit une poussée verticale
Egale au volume des grimaces
Toucher l’fond sous la surface.
Ça m’est tombé d’sus un soir.

Ça m’est tombé d’sus un soir,
A cette heure particulière,
Entre chien et loup, la lumière
N’a pas comme nous ce choix à faire.
Ça m’est tombé d’sus un soir,
Entre deux balises.
Chose promise n’est plus de mise.
Prendre le temps de s’éprendre,
Prendre le temps des méandres,
Prendre le temps de se prendre à croire
Que l’on ressemble à s’y méprendre
A c’qu’on voulait se voir.


Lunatique

Je promène encore mon corps,
En face, la mer a des remords
D’être le décor en désaccord.
Triste sire, triste sort.
M’échouer dans un bar,
Juste pour voir ma gueule sur le comptoir.
Comptez plus sur moi,
Tous les départs me désemparent.

Et l’amertume exhume
L’écume de mes jours posthumes.

D’une table à l’autre table,
Je traîne mes naufrages.
D’une table à l’autre table,
Je rentre à la nage.
Une bouteille à la mer,
Chaque soir, la mer à boire,
Une bouteille à la mer.

Et l’amertume exhume
L’écume de mes jours posthumes.

La pluie tombe et moi aussi.
Pendant que je me vide,
Le caniveau se remplit.
Ma bouteille ne verra pas la mer.
Elle est trop fière.
Elle est trop fière.

Et la mer, et l’écume
M’exhument de mes jours posthumes


Lucioles

J’ai croisé tant de lucioles
Aux vertus égarées,
Tant de corolles décolorées.
Croisé les foules sous les banderoles
Aux idées décidées.
Plus d’herbes folles
Dans les allées

A la croisée de nos baise-mains
Un bonheur qu’on rafistole
En peau de chagrin
On se console

J’ai croisé tant de lucioles
Aux lueurs imprécises.
L’envie s’envole,
L’envol s’enlise.
Croisé les vies au vitriol,
Les grisements se déguisent.
En guise d’obole, quelques traîtrises

A la croisée de nos baise-mains
Un bonheur qu’on rafistole
En peau de chagrin
On se console

J’ai croisé les feux follets aux fugaces pépites,
Les basses-cours, les hauts le cœur et le cauchemar qui s’invite.
J’ai croisé tant de faux départs, tant de parties remises,
Les discours qui s’égarent, la force brutale et la mainmise.
J’ai croisé la pensée dépassée par la bêtise,
Les sectes en quête de prophètes, et les lanternes qui se brisent.
En désespoir de cause, tant pis,
Les sages s’agenouillent aussi.
Les lucioles se fondent dans la nuit.

A la croisée de nos baise-mains
Un bonheur qu’on rafistole
En peau de chagrin
On se console.


Révolution

C’est toujours la même histoire :
Après demain viendra la veille du grand soir.
Les utopies font du sur place
Et les bougies fondent dans la glace.

Toujours les mêmes belles promesses :
Encore un effort pendant qu’les princes se prélassent.
Les utopies sont en cale sèche,
Une certaine tristesse à marée basse.

Pardonnez mon inexpérience :
En la matière, pas d’confidence,
Pas d’témoignage avant coureur.
Pardonnez mon inespérance :
Manque de confiance pour un ailleurs,
Je n’suis pas certain d’avoir peur.
Dernier serment sans conséquence,
Pour un dernier serrement de cœur :
C’est la première fois que je meure.

C’est toujours la même sentence :
Pas de place pour tout le monde dans le palace.
Les utopies brillent par leur absence
Et sont condamnées par contumace.

C’est toujours la même paresse :
Après l’ivresse viendra le temps des guerres lasses.
Les utopies s’disputent les restes,
Les poings levés se font main basse.

Pardonnez mon inexpérience :
En la matière, pas d’confidence,
Pas d’témoignage avant coureur.
Pardonnez mon inespérance :
Manque de confiance pour un ailleurs,
Je n’suis pas certain d’avoir peur.
Dernier serment sans conséquence,
Pour un dernier serrement de cœur :
C’est la première fois que je meure.


Venu chercher

Qu’est ce qu’on est venu chercher déjà ?
Rappelle toi.
Qu’est ce qu’on est devenu, tu crois ?
Qu’est ce qu’on est venu chercher déjà ?
Rappelle moi.
Qu’est ce qu’on aurait aimé y trouver ?
Raconte moi.
Qu’est ce qu’on y a trouvé à aimer ?
Raconte toi.

Qu’est ce qu’on est venu chercher ?
Dis moi à quoi tu crois.
Comme on est devenu, on repartira.
Qu’est ce qu’on est venu chercher déjà ?
Rappelle moi.
Qu’est ce qu’on aurait aimé y trouver ?
Raconte moi.
Qu’est ce qu’on y a trouvé à aimer ?
Raconte toi.

On se découvre,
On couvre la page,
On se découvre du courage.
On se démène,
On mêne sa barque,
Mais on s’embarque quand même.
On se détourne,
On tourne la page,
On se détourne du courage.
On se démène,
On mêne sa barque,
Mais on s’embarque quand même.

Qu’est ce qu’on est venu chercher ?


Que m’arrive-t-il ce matin ?

Tiens, que m’arrive-t-il ce matin ?
Y’a du soleil au bout d’mes mains.
Oubliés pour un temps
Les passages souterrains,
Passagers d’un rêve clandestin.
Vague déchaînée dans les tourments,
Étrangement calme, les jours suivants.

Tiens, que m’arrive-t-il ce matin ?
Demi-sommeil au creux d’tes reins,
Bien à l’abri de leurs soucis.
Sens interdits sentencieux,
Le tout pouvoir yeux dans les cieux,
Un encensoir pour les envieux.
Étrangement vides, les prétentieux.

Refrain :
Que m’arrive-t-il ce matin ?
Pas moyen d’sortir de l’enfer du décor.
Pas vraiment solitaire,
Mais j’sais qu’si j’m’aventure dehors,
Croiser tous ces conquistadors
Prêts à tout pour leur médaille d’or :
Pisser plus loin, parler plus fort,
Pour une épitaphe plus conforme.
Toute leur vie pour un post-scriptum :
N’oubliez pas mon passage
Chez les hommes.

Tiens, que m’arrive-t-il ce matin ?
Une nuit de veille, mais faudra bien
Sortir un jour, comme si de rien.
Ton sourire battu d’avance,
Ne pas en vouloir à la science.
Une vie coincée entre deux délivrances.
Étrangement simple, une existence.

Refrain

Tiens, que m’arrive-t-il ce matin ?
Une belle journée, mais t’en sais rien.
Accord tacite, classé sans suite.
Ni dieu, ni maître, ni croyance,
J’peux même pas t’souhaiter “bonne chance”.
Un autre monde, quelle importance ?
Étrange mensonge pour une absence.

Tiens, que m’arrive-t-il ce matin ?
La vie s’enraye et j’y peux rien


Une ville

Une ville s’illumine,
Maquillage de vitrine.
Ses attraits, ses atours,
Tours vitrées pour les mauvais jours.
Un détour, ses artères
Bouillonnantes de naufrages volontaires.
Un asile ancillaire
Pour s’passer les nerfs de l’amer.

Elle croise ses longues avenues,
Se farde des insomnies de la rue.
Elle croise ses longues avenues,
Pare ses trottoirs
Des plus beaux attributs.

Une ville s’éparpille,
Ses dessous sans décence
Sont salis. Un murmure,
Plus d’censure,
Plus de sang sur les murs.
Elle, taciturne, robe tachée
Par le mépris des plaisirs diurnes.
Un abcès, un excès,
Caniveaux en fosse commune.

Elle croise ses longues avenues,
Se farde des insomnies de la rue.
Elle croise ses longues avenues,
Pare ses trottoirs
Des plus beaux attributs.

Refrain :
Elle recrache ses amants
Derrière le périph’.
Banlieues en antichambre
En attente d’une étreinte
Brûlent du désir ardent
Des amours défuntes.

Une ville hypnotise.
Ville facile en paillettes électrise
L’imprudent perdu dans
Les décombres
De ses recoins sombres.
Elle s’agite, elle palpite
Au gré des soupirants
Qui s’agitent en rêvant
De la quitter à temps.
Elle s’agite, elle palpite,
Ils payent et ils monnayent
Ses faveurs
Pour leur place au soleil.

Elle croise ses longues avenues,
Se farde des insomnies de la rue.
Elle croise ses longues avenues,
Pare ses trottoirs
Et défroisse sa tenue.

Refrain

Une ville se réveille.
Lui coule au coin des yeux
Une ruelle,
Une perle.


Il est elle

Je la regardais sortir de chez elle,
Toujours l’air d’avoir peur
Des regards autour d’elle.
C’est pas toujours
Ce que l’on voit qu’on aime.
Il était belle quand même.

Elle fermait la porte
Et son coeur à double tour
En frissonnant de se dévoiler
Au grand jour.
C’est pas toujours
Ce que l’on croit qu’on aime.
Il était belle quand même.

Refrain :
Un peu maladroite
Sur ses talons aiguilles,
Pas facile d’être une femme
Pour un homme en bas résille.

Au coin de la rue, de ma fenêtre,
Je la voyais hésiter avant de disparaître.
Quel que soit le chemin qui mène à l’hymen,
Il était belle quand même.

Refrain

Elle se démaquillait tout doucement,
Avec le regret de r’devenir comme avant.
C’est pas toujours ce que l’on naît qu’on aime.
Il était belle quand même


Tentatives évasives

Certains se sont tus par méfiance.
D’autres se sont rendus, à l’évidence.
Au pied du mur, apposer sa signature :
Un paraphe, un parjure.

Certains ont cru à leur malchance.
D’autres se sont vus de l’importance.
Certains convaincus, convertis.
Les autres repus digèrent leur ennui.
Au pied levé, apposer sur ses plaies
Un voile de sagesse :
Cynisme de détresse.

Refrain :
Tentatives évasives
Pour masquer la dérive.
Nettoyage par le vide.
Une forme de savoir-vivre
Jusqu’à c’que mort s’enivre.

Certains ont menti, peu importe.
Puis se sont servis comme les autres.
Certains disparus en silence,
Et sans élégance, ont perdu
Leur irrévérence.
Qui l’eut cru ?
Au pire aller, apposer les scellés
Sur les marges, les ratures :
Cynisme de parure.


Le jour et les nuits

Les jours avec, les jours sans,
Et les nuits qui prennent plus de temps.
Un baiser d’impatience au service de l’urgence.
Les jours en dilettantes
Et les nuits se montrent consentantes.
Baisers à la volée, tant de bouches à goûter.
Un jour et puis un autre,
Et les nuits perdent leur nonchalance.
Un baiser migrateur au hasard de la peur.
Un jour et puis un autre,
Et la nuit dévoile son exigence.
Un baiser sans pudeur, délit de connaisseur.

Refrain :
Alors pas de promesses en l’air de rien,
Rendez vous au prochain émoi,
Faudras qu’tu t’débrouilles avec ça,
Pas d’plan d’bataille au p’tit matin,
Les vraies erreurs et les faux pas,
Faudras qu’tu débrouilles avec ça.

Les jours de concession,
La nuit s’en balance de ton absence.
Baiser de protocole, une étoile qui s’étiole.
Les journées se confondent,
Et les nuits n’ont plus guère d’importance.
Un baiser démodé au bas d’un escalier.

Refrain

Un jour pas comme les autres
Et la nuit tente sa dernière chance.
Un baiser sur le front,
Un désir en partance.

Mais un jour qui chasse l’ennui,
Une nuit avec plus rien autour,
Un baiser passager, tant pis,
Pour nos p’tites amours d’un jour.
Un jour qui chasse l’ennui,
Même si c’n’est pas pour toujours,
Un baiser sans rancœur
Et c’est r’parti
Pour quelques heures.


Je passerai un soir

Je passerai un soir
Quand j’aurai tout tenté avant d’venir te voir.
Je passerai un soir
Demander d’tes nouvelles à Frida la blonde,
A Jojo, jusque dans sa tombe.

Je passerai un soir
Quand j’aurai tout chanté,
Peut-être bien arrêté d’y croire,
Pour boire à la santé
De l’accessible étoile, aux volcans en éveil
Et aux filles qu’on emmène au bal.

Refrain :
Car moi, quand j’suis amoureux,
Ca dure une valse à deux.
Quand j’suis triste ou en moi,
Y’a l’Jef qui m’sort de là.
Quand j’suis seul, je l’reste pas,
Des amis pleins les bras.

Je passerai un soir
Quand j’aurai tout craché, laissé dans l’urinoir
Dernière bière au comptoir,
Comme on vidange ses plaies dans le plat pays de l’histoire
Quand la mer largue les amarres.

Refrain

Je passerai un soir.
Déjà la ville s’endort, un coin de ciel brûlant
Désenchante la mer.
Je passerai plus tard
Avant de vieillir en dedans, mais ce soir,
Tu m’excuses,
Je fête les vivants.


La position verticale

La position verticale
Est un peu bancale.
Dame, qu’on est bien à plat.

La position verticale,
Du sapiens au néant total.
Allégez vous des états d’âme,
Ça enlève un poids.
On ne peut pas toujours être droit
Plantés dans ses idéals.
Slogans en lettres capitales.
Allongeons nous sans état d’âme.
Qu’on est bien à plat.
On va tous finir comme ça.

Refrain :
Alors, accordez un peu de tendresse
A cet homme déçu de lui-même
Si ça n’en vaut pas la peine perdue.
Alors, accordez un sursis,
Accordez un sursis à cet homme déçu
De l’éternité sans lui.

La position verticale
4 millions d’années en cavale
Alter ego sans état d’âme.
Dame, vous êtes déjà là.
Roulement de tambours, dernier effroi.
Du menhir à la cathédrale,
Tant d’hommes debout pour que dalle.
Allongeons nous sans état d’âme.
D’âme, j’n’en vois pas le petit doigt.
On va tous finir comme ça.

Refrain

La position verticale
Est un peu bancale.
Dame, qu’on est bien à plat…


Dans ces moments-là

Dans ces moments là, rien à faire,
Y’a plus qu’à attendre que le temps
Prenne le temps d’s’y faire.
Dans ces moments là, rien à penser.
Qui est coupable ou innocent à l’arrivée ?

Instants indécis aux entrailles offertes,
Pour un ni non ou ni oui, continuer à disparaitre,
Ou s’jeter à l’eau, tout envoyer valdinguer,
Et respirer à nouveau
Sans l’poids des images sur le dos.

Refrain :
C’est à croire
Que je n’suis pas dans la bonne histoire,
C’est à croire que le soleil tient à s’pointer,
Histoire de voir
Comment j’vais faire pour m’en tirer
Avant d’y avoir les deux pieds.

A chaque seconde, chaque geste
Peut modifier tous les moments qu’il nous reste.
Dans ces moments-là,
On peut s’retourner dans tous les sens.
Plus d’issue d’secours, il faut qu’on s’lance.

Amenez à la barre
Tous les frangins d’la maladresse,
De la malchance et de l’ivresse,
J’les invite au feu d’artifice.
Après tout, qu’est-ce qu’on risque ?
Juste de payer les pots cassés,
Mais au tarif où la vie m’les fait,
J’arriverai bien à tout recoller.

Refrain

Et puis, ces moments
Passent quand même.
Avoir raison, être en tort,
Après tout, on n’en est pas mort.
Tant pis pour les égratignures,
Tant pis si tout ça va dans le mur.


Version officielle

Selon la version officielle,
Plus d’corps à corps, juste des “Je t’aime”,
Sans un frisson à la p’tite semaine,
Pas d’rendez-vous au creux d’une épaule.
Arrêt de palpitant, caracole,
Et un minuscule grain d’beauté,
Une aréole.

Selon la version officielle,
Plus d’poing levé, tous en sommeil.
Plus personne sur les barricades,
Le palpitant en cavalcade
Pour une cause dérisoire
Et un minuscule grain d’sable
Sous la chaussée.

Refrain :
Un écart,
Légère déviance dans la trajectoire,
Un pas d’côté, pas très sûr,
Sans mot d‘ordre,
Ni coutume sur mesure.
Nos désirs font désordre.

Selon la version officielle,
Y’a plus qu’un monde, un sens, un ciel.
Plus d’place pour les glaneurs d’étoiles,
Le palpitant qui s’emballe
Pour la moindre faille dans la citadelle,
Un minuscule grain d’folie,
Une étincelle.


L’atelier

Quelques vis rangées
Dans des vieilles boites de Nesquick,
Tournevis rouillé
D’n’avoir jamais rencontré l’électrique,
La sulfureuse visseuse-dévisseuse
A poignée ergonomique.

Tiroirs fabriqués
Avec de vieux barils de lessive Skip,
Collection d’ressorts
Eet de vieux pots d’peintures acryliques.
Les pinceaux trempent et trompent la mort
Dans leur baignoire de White Spirit.

Refrain :
C’était l’atelier des dieux, l’atelier du vieux.
Je m’asseyais dans un coin
Et je regardais ses mains.
C’était l’atelier des dieux, l’atelier du vieux.
Dans l’vieux poste en arrière, un tango argentin.

Morceaux de zinc cloutés
Pour protéger l’établi,
Quelques “playboy” jaunis
De ne plus avoir servi.
Et dans l’air, un parfum
De rouille sédentaire,
Fumée d’gitanes
En mal de mer.

Un tablier pendu derrière la porte d’entrée,
Avec toute une armada de scies mal aiguisées.
On m’a dit qu’il n’a jamais rien réparé.
Assis par terre, j’m’en foutais.


Bonne manière

Quelle est donc la meilleure manière
De faire bouger son gros derrière
A ce monde poussif et prospère.
Comment faire vaciller de son piédestal
Le grand capital,
Nombril en guise de morale,
Qui fait la pluie, le beau temps
Dans les pays qui ont d’l’argent.
Naturellement.

Qu’en pensent les gens de pouvoir,
Nains dans l’jardin d’la grande histoire,
Les vers de terre, les terre à terre,
Convaincus d’en être les propriétaires.
Ils disent “C’est pas nos affaires,
On a autre chose à faire
Que d’imaginer un monde
Où on s’rait pas.
Dans celui-là,
On est les rois”.

Qu’en pensent les gens du divin,
Curés, imams ou grands rabbins,
Les messagers, les subalternes
Et qui prennent les messies
Pour des lanternes.
Ils disent “C’est pas notre problème,
Plus y’a de misère, plus on nous aime,
Et si le paradis était légal,
La concurrence serait déloyale”.

Qu’est-ce que t’en penses ?
Par quoi on commence ?


Chez Maurice

Dans ce petit bar,
Tenu par Maurice l’ancien taulard,
Debout derrière son comptoir,
Torchon sur l’épaule du matin au soir.
On se demande c’que peut entendre
Le type au taxiphone
Entre la musique crachotante
Qui sort du vieil électrophone,
Et les conférences pathétiques
Du vieux Georges sur la politique,
Les rouges qui viendront tout changer
Surtout ceux qui coulent dans le gosier.

Dans un coin, y’a la vieille Marlène
Qui permet de cracher sa haine.
Les soirs de paye, c’est le défilé
Entre prolétaires du quartier,
Sauf le Lulu qui aime pas bien ça,
Qui préfère rentrer chez soi.
Il paraît d’après le gros Dédé
Qu’il serait un p’tit peu pédé.
Après, c’est l’heure de la tournée,
Histoire de se rincer le gosier,
Lulu qui revient pour trinquer
A la santé de l’amitié,
A la santé d’un tas de conneries
Qui les mènent bien après minuit
Chanter ce qu’ils ont sur le bide
Et s’embrasser les yeux humides.

Quand le Maurice en a assez
De voir les ardoises s’allonger
En même temps que le gros Dédé
Qui a perdu l’usage de ses pieds,
Il arrête l’électrophone
Et la conférence du vieux Georges
Qui parle de la société
Au portemanteaux qui est dans l’entrée.
Il descend le store qui se déglingue,
Passe un coup d’éponge sur le zinc
Et sur l’ardoise du gros Dédé
Qui aurait de toute façon pas payé,

Etale la sciure sur le sol,
Enlève son torchon de l’épaule,
Eteint l’enseigne du café,
Ecoute les derniers s’en aller.
Le p’tit Lulu ramène Marlène
Sur son vieux Solex qui se traîne.
Lui seul a le droit de connaître
L’adresse de son petit deux pièces.
Elle colle sa joue sur son dos,
Enfouit les mains dans son manteau,
Un mince sourire sur les lèvres,
Elle savoure le jour qui se lève…

Dans ce nouveau bar
Tenu par une vraie tête de lard,
Accoudé à son comptoir,
Compte les verres, surveille les pourboires.
On se demande c’que peut capter
Le type avec son portable
Dans la musique aseptisée
Que crachent les tout nouveaux HP,
Et les conférences antipathiques
D’un jeune con sur l’économique
Qui parle des gens à sacrifier
Si on veut tous un jour bosser.
La vieille Marlène est remplacée
Par les films à la télé
Et maintenant, l’défilé se fait
Au vidéoclub du quartier
Sauf le Lulu qui aime pas bien ça,
Qui préfère boire un coup chez moi
Et me parler du gros Dédé
Qu’il a connu y’a des années
Dans un petit bar oublié,
Un petit bar déserté…


L’écu

Vous excuserez, je pense,
Mon vocabulaire
De n’pas assez mettre en avant
Vos arrières.
Mais l’espace ultime où
Votre dos disparaît,
Cette courbure sublime
M’a rendu muet.

Je n’trouve pas les mots justes
Pour dire ce frisson,
Détourner de votre buste
Les yeux polissons,
Les amener à regarder
Plus en détail
Les toutes proportions gardées
De votre taille.

Votre corps tout entier est,
Soyez en certains,
De vos seins de rêve
A la sève de vos reins,

L’objet de mes faiblesses,
Celui de mes caresses,
Objet de culte pour femmes folles
A la messe.
Mais serait-ce un oubli
Sur la carte de tendre,*
Un piètre raccourci
Quand je n’puis plus attendre,

D’ignorer cet endroit,
Me frayant un chemin
Caché sous les sous-bois
Aux mystérieux parfums.

Quel artiste sensé
Est censé égaler
L’art de la nature
Lorsqu’il est si parfait.
Imiter n’est que dire
De façon détournée
Mon impuissance à créer
La perfection innée.

Vos courbes, mesdemoiselles,
Sont de toute façon
L’idéal, le modèle de mes contrefaçons.


Cong’pay’

C’était le temps
D’avoir le temps d’ partir,
De prendre le train
Les valises pleines de maillots de bain
Tricotés main.
Ils voyaient la mer
Et les couchers de soleil pour la première fois.
Cong’ Pay’ merveille,
Deux semaines rien qu’ pour soi.

C’était le temps
D’avoir le temps d’mourir.
Avoir vingt ans,
C’était le gage d’avoir évité Le pire.
Les histoires du père,
Les histoires de poilus,
Ne les touchaient pas.
La Der des Der
Etait loin déjà…

Mais dix ans plus tard,
Les vivants regardaient les ruines
De ce bain de sang,
Comptaient les absents.
Aujourd’hui qu’on a oublié
Ce que la haine peut engendrer,
Faites gaffe, elle revient en rampant.

C’était le temps
D’avoir le temps du désir.
Avoir vingt ans,
Les cœurs chavirent
Dans les bals à n’en plus finir
Et sous les lampions,
Les cœurs qui frémissent
Se foutent bien des tranchées de Verdun.

Mais dix ans plus tard,
Les vivants regardaient les ruines
De ce bain de sang,
Comptaient les absents.
Aujourd’hui qu’on a oublié
Ce que la haine peut engendrer,
Faites gaffe, elle revient en rampant.


Je me ressemblerai

J’crois qu’un jour, je l’ai croisée
Au détour d’une rue d’un quartier d’à-côté.
Elle était toute vieille, toute ridée maintenant.
C’est vrai qu’à mon âge, je ne suis pas reluisant.
Elle m’a dit :
« Toi, ta vie, qu’est ce que-t’en a fait ?
Qu’est-ce t’as fait de tes envies
De vouloir tout changer.
J’me rappelle, tu pouvais pas tenir
A la même place.
T’as même pas réussi à me faire
Une petite place »

Allez, ciao ma belle,
J’te souhaite toutes les étoiles du ciel.
Quant à moi, tout c’que je peux m’souhaiter,
C’est qu’un jour, je me ressemblerai.

J’crois qu’un jour, je l’ai croisé.
D’un simple regard, il m’a vouvoyé.
Il avait réussi et ça se voyait.
Il en avait chié mais l’avenir lui souriait.
Il m’a dit :
« Toi, ta vie, qu’est ce que-t’en a fait ?
Qu’est-ce t’as fait de tes envies
De vouloir tout changer.
J’me rappelle, tu voulais mettre un coup d’pied
Dans tout ce bordel.
Nous, ça faisait un moment
Qu’on croyait plus au Père Noël »

Allez, ciao mon pote,
J’te souhaite toutes les étoiles des autres.
Quant à moi, tout c’que je peux m’souhaiter,
C’est qu’un jour, je me ressemblerai.

J’crois même qu’un jour, je me suis croisé,
Et j’ai mis un moment à pouvoir me regarder.
Ca m’a surtout étonner d’avoir pu traverser,
Pu survivre aux absences
De cette putain d’existence.
J’me suis dit :
« Moi, ta vie, qu’est ce que j’en ai fait ?
Qu’est-ce j’ai fait de mes rèves
De vouloir tout changer.
J’me rappelle, j’me rappelle qu’un soir,
J’m’étais croisé,
J’m’étais promis, juré
De n’pas m’laisser tomber »

Allez, ciao ma vie,
J’te souhaite toutes les étoiles d’ici.
Quant à moi, tout c’que je peux m’souhaiter,
Je le dépose à tes pieds